Idra Rabba Kadisha – Zohar, III, 127b – 145a [3]

Idra Rabba Kadisha – Zohar, III, 127b – 145a [3].

Aux cheveux de derrière les oreilles, sont suspendus les anges ailés dont l’Écriture dit : « … Car les oiseaux du ciel rapportent les paroles, et ceux qui ont des ailes publient ce que l’on dit. » Le Cerveau fait tomber dans l’Oreille plusieurs gouttes qui sont tantôt bonnes, et tantôt mauvaises ; elles sont bonnes, quand l’Écriture dit : « … Car le Seigneur écoute la voix des pauvres. » Mais elles sont mauvaises, quand l’Écriture dit : « Le Seigneur l’ayant entendu, entra en colère, et une flamme du Seigneur s’est allumée contre eux et les extermina. » Cette Oreille est fermée au-dehors, afin que les gouttes du Cerveau ne s’écoulent pas et que la voix ne se fasse pas entendre au-dehors. Malheur à celui qui divulgue les mystères, car il renie la force d’en haut. Une tradition nous apprend que, quand Israël crie dans sa détresse et que les Cheveux découvrent l’Oreille, la Voix entre dans l’ouverture de l’Oreille qui conduit au Cerveau, et un feu et une fumée sortent alors des Narines qui réveillent [138b] toutes les rigueurs. Et avant que le feu et la fumée ne sortent des Narines, la voix d’Israël monte en haut et pénètre jusqu’au Cerveau ; deux larmes tombent des Yeux ; le feu et la fumée sortent des Narines. Six cent mille fois dix mille anges ailés sont suspendus aux Oreilles et portent le nom d’« Oreilles du Seigneur ». Les Oreilles sont attachées à la boîte crânienne ; elles sont en rapport avec les cinquante portes du Crâne par l’intermédiaire d’« une Porte », s’ouvrant dans l’Oreille et qui d’autre part va jusqu’au Cœur. Delà vient que la « compréhension » est sous la dépendance de l’Oreille et du Cœur. Nous avons appris, dans le Livre Occulte, que, de même que l’oreille discerne entre le bien et le mal, de même la « Petite Figure » a un côté de bien et un côté de mal, un côté droit et un côté gauche, un côté de clémence et un côté de rigueur. De l’oreille, dépend l’ouïe, et, de l’ouïe, dépend la conception : quand on dit : « Entends », cela signifie : « Comprends. » Remarquez que l’Écriture dit : « Seigneur, j’ai entendu ta parole, et j’ai été saisi de crainte. » L’Écriture nous apprend que, toutes les fois qu’un prophète fidèle entendait la parole céleste, il était saisi de crainte. Toutes les fois qu’on trouve dans l’Écriture le nom Jéhovah répété deux fois, ou le nom Adonaï, ou Jéhovah-Adonaï, ou encore Jéhovah-Élohim, un de ces noms désigne la « Grande Figure », et l’autre la « Petite Figure ». Bien que ces deux ne soient en réalité qu’un seul et même être, le nom n’est complet que quand les deux dénominations sont juxtaposées. Rabbi Siméon s’écria : je prends les cieux et tous les êtres d’en haut à témoin que les paroles qu’on vient de prononcer ont provoqué une joie dans tous les mondes. Ces vérités, nous les avons aperçues à travers les rideaux que l’Ancien des temps a tirés devant lui. Avant de commencer notre conversation, les collègues ignoraient toutes ces saintes paroles. Heureux le sort des collègues ici présents, et heureux notre sort avec eux en ce inonde et dans le monde futur !

Rabbi Siméon commença à parler ainsi : « Et vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu. » Quel peuple est aussi saint qu’Israël ? Ainsi qu’il est écrit : « Heureux Israël ! Qui est comme toi ? » Qui est attaché au saint Nom de Celui dont l’Écriture dit : « Qui est comme toi parmi les puissants, Dieu ? » L’union entre Israël et Dieu sera parfaite dans le monde futur. [139a] La Barbe de la « Petite Figure » est ornée des neuf parures qui ornent la Barbe de l’Ancien des temps. En même temps que la « Petite Figure » reflète la lumière de l’Ancien des temps, treize sources d’huile céleste coulent sur la Barbe, ce qui porte le nombre des parures à vingt-deux, lesquelles correspondent aux vingt-deux lettres de l’alphabet. La Barbe de la « Petite Figure » est ornée des neuf premières parures de la « Grande Figure ». Rabbi Siméon dit à Rabbi Éléazar, son fils : mon fils, lève-toi et explique-nous le mystère de la Barbe sacrée. [I39b] Rabbi Éléazar se leva et commença à parler ainsi : « J’ai invoqué le Seigneur (Jah) du milieu de l’affliction, et le Seigneur (Jah) m’a exaucé et rais au large. » À partir de ce verset, jusqu’à celui qui finit par les mots : « Plutôt que de se confier dans l’homme », on retrouva les neuf parures de la Barbe. Le roi David avait besoin de les mentionner, pour vaincre les autres rois et les autres peuples. Dans ces versets, on trouve neuf fois le nom Jéhovah, nombre correspondant aux parures, et on y trouve deux fois le nom « Jah », dont l’un désigne l’Ancien des temps, et l’autre la « Petite Figure ». Ainsi que nous l’avons déjà dit, les neuf parures de la Barbe de la « Petite Figure » sont le reflet des neuf parures de la Barbe de l’Ancien des temps. La première [140a] parure est celle formée par les poils qui croissent à partir de la hauteur de l’oreille jusqu’à la commissure des lèvres. Nous avons déjà dit que les Cheveux de la Tête sont en partie lisses et souples, et en partie durs. Un trait unit les deux Cerveaux de la « Grande Figure » et de la « Petite Figure ». Comme la « Petite Figure » reflète en même temps les trois Cerveaux de l’Ancien des temps, il s’ensuit qu’elle possède quatre cerveaux auxquels correspondent les quatre sections de l’Écriture déposées dans les quatre compartiments des phylactères. [140b] Ce n’est que parmi les Cheveux de la « Petite Figure » qu’on en trouve de durs, parce que, de ce côté, sortent la clémence et la rigueur, tandis que les Cheveux de l’Ancien des temps sont semblables à la laine très blanche et très pure, parce que son Cerveau reste constamment reposé, comme le bon vin sur la lie, lequel ne donne jamais lieu à la rigueur. Nul ne connaît le Cerveau de l’Ancien des temps, hormis lui-même. Quant aux paroles de l’Écriture : « C’est Élohim qui comprend quelle est sa voie ; c’est lui qui connaît le lieu où elle habite », elle a s’appliquent à la « Petite Figure ». Rabbi Siméon s’écria : mon fils est béni par le Seigneur en ce monde et dans le monde futur. Les autres huit parures sont semblables à celles de l’Ancien des temps, exposées précédemment.

[141a] Rabbi Siméon dit : Toutes ces parures et toutes les choses dites ne doivent être révélées qu’aux Maîtres qui savent peser sur la balance (les initiés à la toi ésotérique). Mais il est défendu d’en confier le sens à ceux qui n’ont pas pénétré dans la loi mystérieuse, ou à ceux qui y ont pénétré, mais qui n’en sont point sortis, c’est-à-dire ceux que l’étude de la Loi mystérieuse a égarés. On ne doit révéler ces mystères qu’à ceux qui y ont pénétré et en sont sortis. Quant à ceux qui y sont entrés, sans en sortir, il aurait mieux valu pour eux de ne pas naître. Le principe général est le suivant : L’Ancien des anciens et la « Petite Figure », c’est une seule et même chose ; tout était et tout sera. Il n’est pas susceptible de transformation ; il n’a jamais changé et il ne changera jamais ; il est le centre de toute perfection. C’est l’image qui embrasse toutes les images, l’image qui embrasse tous les noms, l’image [141b] qu’on voit partout et sous toutes les formes, mais seulement comme reproduction et peinture, tandis que nul n’a vu ni ne peut voir l’image réelle et authentique. La reproduction la plus semblable à l’original est l’image de l’homme. Tous les mondes d’en haut et d’en bas sont compris dans l’image de Dieu. L’Ancien sacré et la « Petite Figure » sont la même image. Mais, demandera-t-on, quelle différence y a-t-il donc entre l’un et l’autre ? Le tout est une balance, dont un plateau porte la Clémence et dont l’autre porte la Rigueur. Les plateaux forment-ils deux balances ? Nullement, il dépend également de nos œuvres de faire pencher l’un ou l’antre des deux plateaux. Ces mystères ne sont confiés qu’à ceux qui cultivent le champ sacré, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur confie son secret à ceux qui le craignent. »

L’Écriture dit : « Et le Seigneur Dieu forma (iitzar) l’homme du limon de la terre. » Le mot « iitzar » est écrit en cet endroit avec deux Yod, pour nous indiquer le mystère de l’Ancien sacré et de la « Petite Figure ». Par sa formation de mâle et femelle, l’homme ressemble à Jéhovah-Élohim, c’est-à-dire à l’Ancien des jours et à la « Petite Figure ». L’Écriture dit qu’il a formé l’homme du limon de la terre, ce qui signifie qu’il forma une image dans l’intérieur de l’autre. L’Écriture ajoute : « Et il lui inspira l’âme vivante. » C’est le cachet imprimé à l’homme pour lui permettre de s’élever jusqu’au mystère le plus sublime, jusqu’au fond de tout ce qui est caché ; car les âmes de tout ce qui vit en haut et en bas dépendent de l’âme par excellence, par laquelle elles subsistent. Et celui qui élève son âme vers Dieu peut arriver par des degrés successifs jusqu’à l’extrémité des degrés. Comme toutes les âmes ne forment qu’une unité avec l’Âme par excellence, il s’ensuit que celui qui perd son âme provoque une solution de continuité. Aussi est-il exterminé, lui et sa mémoire, de ce monde pour toute l’éternité.

[142a] Nous avons appris, dans le Livre Occulte, membrum virile divisum est partes in duas quarum unam « Hesse » appellent, aliam injieimus in pudenda mulieris. Habet quamdam imaginem litterce Yod in fine ubi semen ejicit. Une tradition nous apprend en outre que, tant que les parures du Roi ne furent pas achevées, l’Ancien des anciens bâtissait des mondes qui ne subsistaient pas ; et la « Femelle », Principe de la Rigueur, ne fut apaisée que lorsque la « Grâce » d’en haut descendit. Alors, la Rigueur fut apaisée. Or, la fécondation de la femelle a lieu cum fine virilis membri. Homines autem terrarum anteriorum non usi sunt coïtu, ainsi qu’il est écrit : « Tels sont les rois qui régnèrent au pays d’Edom, avant que les enfants d’Israël eussent un roi. » Tous ces rois sont du côté de la Rigueur, sauf Saül qui est de Rehobotb-Lanahar, symbole de « Bina », d’où s’ouvrent les cinquante « Portes de l’intelligence » dans les quatre directions du monde. Ces rois, qui étaient du côté de la Rigueur, ne furent apaisés qu’à l’arrivée de « Hadar ». Qui est « Hadar » ? C’est la Grâce céleste, ainsi que l’Écriture ajoute : « Sa ville s’appelait Phaii », ce qui signifie que c’est par la Grâce que l’homme obtient l’Esprit Saint. L’Écriture ajoute encore : « Et sa femme se nommait Mehetabel, fille de Matred, qui était fille de Mezaab » C’est le premier roi dont il est dit qu’il avait une femme, « Matred » signifie que la Rigueur a été vaincue, « Mezaab » signifie que la Rigueur a été mitigée par la Clémence.

Les bras sont composés [142b] de trois articulations. L’Écriture n’emploie le terme de bras que lorsqu’elle désigne le bras gauche, tandis que, pour désigner celui de droite, elle se sert du terme « droite », ainsi qu’il est écrit : « Ta droite, Seigneur, s’est signalée en faisant éclater sa force. » Le membre supérieur droit est composé de trois articulations, ainsi que le membre du côté gauche. Les trois articulations droites correspondent aux patriarches ; mais, objectera-t-on, n’est-ce pas aux trois cavités du Cerveau que les patriarches correspondent ? En effet ce nombre trois se retrouve dans toutes les parties du corps et correspond aux trois patriarches qui sont attachés au bras droit. C’est pourquoi David aspirait vers ce côté où sont attachés les patriarches et où est le Trône sacré, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite. » C’est pour la même raison que l’Écriture dit : « La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée a été placée à la tète de l’angle. » De même, il est dit : « Et ta part sera à la fin de la droite », comme celui qui est aimé de Dieu. Heureux le sort de celui sur qui le Seigneur étend sa droite et le prend sous sa protection ! Quatre cent cinquante fois dix mille chefs de rigueur sont attachés à chaque doigt.

Nous avons en outre appris, dans le Livre Occulte, que toutes les rigueurs qui émanent du Principe mâle sont violentes au commencement et plus calmes vers la fin, tandis que les rigueurs qui émanent du Principe femelle sont modérées au commencement et violentes vers la fin. Aussi, si ces deux Principes marchaient ensemble, le monde ne pourrait subsister. Et c’est précisément dans le but de mitiger l’un par l’autre que l’Ancien des temps les sépara. Au moment de les séparer, l’Ancien des temps envoya à la « Petite Figure » un profond sommeil ; il en détacha le Principe femelle, le para de tous ses ornements et le réserva pour son jour, afin de le présenter à l’homme, ainsi qu’il est écrit : « Et le Seigneur Dieu envoya à Adam un profond sommeil, et, lorsqu’il fut endormi, il détacha une de ses côtes et mit de la chair à sa place » Il détacha la côte qui est l’image de la Rigueur, et la remplaça par la chair, image de la Clémence, ainsi qu’il est écrit : « J’ôterai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » Au moment où le Sabbat allait commencer, il (la « Grande Figure ») créa les esprits des démons et des diables ; mais avant qu’il les eût achevés, la Matrona parée de ses ornements vint s’asseoir devant lui. Alors, il abandonna l’œuvre commencée et ne l’acheva plus. Quand la Matrona est avec le Roi [143a] et qu’elle s’unit à lui face à face, qui oserait se placer entre eux ? Qui oserait s’approcher d’eux ? Leur union apaise la rigueur et perfectionne les êtres d’en haut et d’en bas. Nous avons en outre appris, dans le Livre Occulte, que l’Ancien sacré voulant voir si la rigueur était apaisée unit le mâle et la femelle. Une violente rigueur sortit du côté de la femme, ainsi qu’il est écrit : « Et Adam connut Eve, sa femme, et elle enfanta Caïn. » Le monde ne pouvait pas exister, car la rigueur n’était pas apaisée, et le puissant serpent y avait jeté sa souillure. C’est pourquoi il a fait sortir Caïn, c’est-à-dire la grande rigueur, ce qui atténua la rigueur de la femme. L’Écriture dit : « Lorsque Caïn et Abel se trouvaient dans le champ… », c’est-à-dire dans le « champ des pommiers » dont nous avons parlé. Caïn (la rigueur) a vaincu Abel ; alors, le Saint, béni soit-il, fit disparaître Caïn (la rigueur) et le plongea dans l’abîme du grand Océan. Bien que les mauvais esprits soient nombreux et invisibles, ils forment un corps, et, de ce corps, émanent les âmes des impies et des orgueilleux. Cette âme ne peut pas cohabiter avec l’âme sainte. Aussi chacun a-t-il une âme adaptée à sa conduite. Heureux le sort des justes dont les âmes émanent du Corps sacré appelé « Homme » qui est la synthèse de toutes les couronnes sacrées ! Heureux votre sort, ô collègues, d’avoir entendu toutes ces paroles sacrées inspirées par l’Esprit Saint ! C’est par ces paroles que vous serez jugés dignes de contempler votre Maître face à face et de participer au monde futur, ainsi qu’il est écrit : « Reconnais en ce jour, et que cette pensée soit dans ton cœur, que Jéhovah est Élohim. » Jéhovah, c’est l’Ancien des temps, et Élohim, c’est la « Petite Figure » ; et tous deux ne sont qu’un. Béni soi son Nom en toute éternité ! Rabbi Siméon dit : J’ai vu des êtres d’en haut ici-bas, et les êtres d’ici-bas en haut. La figure de l’homme, voilà l’être d’en haut qu’on voit ici-bas.

Nous avons appris que les paroles de l’Écriture : « Et le juste est la base du monde » signifient que les six directions sont unies à lui par un seul nœud, ainsi qu’il est écrit : « Ses jambes sont des colonnes de schesch (marbre) », c’est-à-dire de six. L’homme réunit en lui les deux couronnes sacrées. La tradition nous apprend que toutes les institutions célestes sont aussi enchaînées les unes aux autres que les veines du corps humain qui en sont l’image ; le sang coule dans toutes les veines et se répand dans tout le corps. Les couronnes [143b] qui ne sont pas dans le corps sont impures et souillent tous ceux qui en approchent. C’est pour cette raison que les esprits démoniaques cherchent surtout à s’attacher aux maîtres de la Loi dont les corps sont saints. Mais, de même que l’homme impur doit résider hors du camp, les esprits du démon sont condamnés à séjourner dans les profondeurs de l’abîme.

Nous avons appris, dans le Livre Occulte, qu’après l’union de l’Homme sacré d’en haut, dont le Corps saint est formé de mâle et de femelle, tous les mondes d’en haut et d’en bas obtinrent l’apaisement ; et, après la troisième union, ils s’unirent pour toute l’éternité et ne formèrent qu’un seul et même corps ; et on ne voit qu’Un, ainsi qu’il est écrit : « Saint, saint, saint est Jéhovah Tsebaoth ! Toute la terre est pleine de sa gloire. » Le tout ne forme qu’un seul corps. Jamais le Principe mâle ne se révèle sans le Principe femelle, tel un dattier qui pousse toujours mâle et femelle ensemble. L’homme qui s’exclut ici-bas de l’espèce humaine ne fera pas partie, dans le monde futur, de l’Homme appelé Corps sacré ; mais il fera partie de ces esprits qui ne sont pas appelés « homme ». L’Écriture dit : « Nous vous ferons des chaînes d’or marquetées d’argent. » Ces paroles signifient que la Rigueur est mitigée par la Clémence ; il n’y a pas de rigueur sans clémence ; c’est pourquoi l’Écriture ajoute : « Tes joues sont ornées de rangées de perles ; ton cou est paré de colliers. » « Ton cou », c’est la Matrona qui réside dans le Sanctuaire d’en haut et dans la Jérusalem d’en bas, et c’est parce qu’elle s’unit au mâle qu’elle se confond avec l’homme. Ceci est la quintessence de toute la Foi ; car c’est dans ce mystère qu’est cachée toute la Foi.

Une tradition nous apprend qu’il est défendu de laisser un cadavre pendant une nuit sans sépulture ; car un tel procédé abaisse le corps humain au degré de l’animal. Nous avons appris, dans le Livre Occulte, que, quand on laisse un cadavre sans sépulture durant toute une nuit, on provoque une brèche dans le Corps des mondes, attendu [144b] que ce Corps glorieux est appelé « Image du Roi ». L’Écriture dit : « Et les fils d’Élohim virent les filles de l’homme qui étaient belles ; et ils prirent leurs femmes entre toutes celles qu’ils avaient choisies. » « Les fils d’Élohim » indiquent ceux qui sont cachés dans les profondeurs du grand abîme. L’Écriture dit ensuite : « Et les Nephilim étaient sur la terre. » Ce sont Aza et Azaël. « Et les fils d’Élohim s’approchèrent des filles de l’homme, et ils enfantèrent : ce sont les géants, les gens de nom. » Aza et Azaël ont donné le jour aux mauvais esprits et aux démons qui s’attachent aux méchants. Tout ce mystère a déjà été expliqué. L’Écriture continue : « Et le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. » C’est pour excepter l’Homme d’en haut qui n’est pas sur la terre. Les mots : « Le Seigneur se repentit » s’appliquent à la « Petite Figure ». « II s’attrista vers son cœur », c’est-à-dire à cause de son Cœur qui est le Cœur de tous les cœurs ? « Et le Seigneur dit : Je ferai disparaître de la surface de la Terre l’homme que j’ai créé. » C’est pour excepter l’Homme d’en haut. C’est de lui que dépend l’homme d’en bas. Sans la Sagesse éternelle et l’Homme d’en haut, le monde n’aurait pu subsister, ainsi qu’il est écrit : « Moi qui suis la sagesse, j’habite (schakanthi) dans le conseil. » Ne lisez pas « schakanthi », mais ce « Schekinthi » (ma Shekhinah) ; car si l’Homme d’en haut (Hokhmah) n’était pas formé, le monde ne pourrait exister, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur forma la terre par la Sagesse. » Et ailleurs : « Et Noé trouva grâce devant le Seigneur. » Tous les cerveaux dépendent du Cerveau d’en haut, et c’est la Sagesse qui est la quintessence de tout. C’est elle qui forma la Hokhmah mystérieuse et qui forma l’homme, ainsi qu’il est écrit : « La Sagesse donne plus de force à l’homme que dix chefs gouvernant une ville. » C’est la sagesse qui fait la perfection de l’homme, et l’esprit réside dans son cœur, ainsi qu’il est écrit : « Car l’homme ne voit que par les yeux, mais Dieu regarde dans le cœur. » Et l’homme ainsi formé est l’image de la Foi parfaite ; c’est son Image qui est assise sur le Trône, ainsi qu’il est écrit : « Et, au-dessus du trône, j’ai vu comme l’image d’un homme. » Et ailleurs ? : « Et je vis comme le fils de l’homme qui venait sur les nuées du ciel, et qui s’avançait jusqu’à l’Ancien des temps, et ils le présentèrent devant lui. » Toutes ces paroles sont mystérieuses ; mais leur sens est facile à comprendre. Heureux le sort de celui qui comprend ces choses et qui ne s’égare pas sur de fausses voies ! Car ces choses ne sont confiées qu’aux grands Maîtres et aux cultivateurs des champs (tes initiés) qui pénètrent dans cette science et en sortent, ainsi qu’il est écrit : « Car les voies du Seigneur sont droites : les justes y marcheront sûrement, et les impies y trébucheront. »

Rabbi Siméon se mit à pleurer et, élevant sa voix, il dit : II serait à souhaiter que les collègues qui ont entendu ces révélations allassent rejoindre l’Idra d’en haut et disparussent de ce monde, afin que rien de ce qui a été dit ne transpirât ici-bas. Au bout d’un instant, il dit : je me ravise ; car il est connu à l’Ancien des anciens, au Mystérieux des mystérieux, que je n’ai pas révélé ces mystères, ni pour ma gloire, ni pour la gloire de mon père, ni pour la gloire de ces collègues, mais uniquement dans le but que les collègues ne s’égarent pas dans leurs méditations, et afin qu’ils puissent franchir les portes du palais céleste sans éprouver de la honte et sans rencontrer d’obstacle. Heureux mon sort et celui des collègues dans le monde futur !

Avant que les collègues ne se séparassent de cet Idra, Rabbi Yossé, fils de Rabbi Jacob, Rabbi Hizqiya et Rabbi Yessa moururent, et les collègues virent que les anges saints les emportèrent derrière le rideau. Rabbi Siméon ayant commandé le silence s’écria : Peut-être le ciel a-t-il décrété de nous punir pour avoir révélé des mystères qui n’ont pas été révélés depuis le jour où Moïse monta sur la montagne de Sinaï. On entendit à ce moment une voix qui dit : heureux ton sort, Rabbi Siméon, ainsi que celui de tes collègues ! Car on vous a révélé des choses qui ne sont pas même révélées aux légions d’en haut. [144b] Mais remarque que l’Écriture dit : « Que son premier-né meure lorsqu’il en jettera les fondements, et qu’il perde le dernier de ses enfants, lorsqu’il en mettra les portes. » À plus forte raison s’expose-t-on à la mort quand on révèle de si grands mystères qui font trembler les êtres d’en haut et d’en bas et qui sont entendus dans deux cent cinquante mondes. Comme ces paroles visent l’Ancien des temps, l’âme s’envole vers lui quand elle apprend ces mystères. C’est ce qu’on appelle « rendre l’âme par le baiser » ; des anges supérieurs emportent l’âme derrière le rideau et la font monter en haut. Si trois de tes collègues sont morts, c’est parce qu’ils n’avaient pas encore fait auparavant la preuve qu’ils pouvaient pénétrer dans la doctrine mystérieuse et en sortir sans dommages. Par contre, tous les autres collègues y ont déjà pénétré et en sont déjà sortis.

Rabbi Siméon s’écria : ah ! Que le sort de ces trois collègues est heureux ! Une seconde voix retentit et fit entendre ces paroles : « Vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu ; vous êtes tous vivants aujourd’hui. » Ils se levèrent et partirent. De bonnes odeurs se répandirent partout où ils jetèrent leurs regards. Rabbi Siméon dit : cela prouve que le monde est béni par nous. Les visages de tous rayonnaient tellement que nul ne pouvait les regarder en face. Ainsi, dix collègues s’étaient réunis à l’Idra, sept seulement l’ont quitté. Rabbi Siméon était gai ; mais Rabbi Abba était triste. Rabbi Abba étant un jour assis en présence de Rabbi Siméon, celui-ci prononça un mot, et ils virent les trois collègues morts, que les anges avaient emportés, assis dans les palais célestes, entourés de gloire et conduits à travers les montagnes où coulent les ruisseaux d’huile parfumée. Rabbi Abba trouva alors une consolation pour la mort de ses collègues, et il se calma. À partir de ce jour, les collègues ne quittèrent plus l’école de Rabbi Siméon. Celui-ci ne révéla plus de mystères qu’en présence de ces sept collègues qu’il appela « les sept yeux du Seigneur ». Rabbi Abba dit : Nous sommes les six lampes allumées par la septième, et c’est toi, ô Rabbi Siméon, qui es la septième Lampe dont dépendent les autres. Rabbi Yehouda appelait Rabbi Siméon du nom de « Sabbat », par lequel les six jours de la semaine sont bénis. De même que Sabbat est appelé saint, Rabbi Siméon aussi est appelé saint.

Rabbi Siméon dit : je m’étonne que celui qui porte la ceinture et le manteau de poils (le prophète Élie), ne soit pas venu à l’Idra au moment de la révélation des choses sacrées. En ce même moment, Élie venait de pénétrer. Trois rayons s’échappaient de son visage. Rabbi Siméon lui dit : Maître, pourquoi n’es-tu pas venu paré de tes vêtements le jour de la fête ? Élie répondit : Maître, je jure par ta vie que, sept jours avant la réunion de votre Idra, on avait déjà choisi ceux qui devaient se trouver en présence du Saint, béni soit-il, au moment de votre réunion. J’ai bien voulu y assister également, mais je n’ai pas pu, parce qu’en ce jour le Saint, béni soit-il, m’envoya faire un miracle en faveur de Rab Hammenouna le Vieillard et de ses collègues, qui furent emprisonnés dans la forteresse du roi. Je fis un miracle en leur faveur en renversant le mur de la forteresse, qui tua quarante-cinq geôliers. Je fis ensuite sortir Rab Hammenouna le Vieillard et ses collègues et les ai conduits dans la vallée d’Onou, où je leur ai procuré du pain et de l’eau ; car ils n’avaient plus mangé depuis trois jours. Durant tout ce jour, je ne me suis pas séparé d’eux, et, quand je suis revenu, j’ai vu trois de tes collègues emportés sur un rideau. Je demandai ce qu’il en était, et on me répondit que c’était la part du Saint, béni soit-il, qui lui a été envoyée de la fête de Rabbi Siméon et de ses collègues ; heureux ton sort, Rabbi Siméon, ainsi que celui de tes collègues ! Car beaucoup de degrés et beaucoup de « Lampes » brillantes vous sont réservés dans le monde futur. Aujourd’hui même, on vient, à cause de ton mérite, de parer de cinquante couronnes Rabbi Phinéès, fils de Yaïr, ton illustre beau-père, et c’est moi-même qui l’ai guidé à travers les fleuves de parfums qui coulent dans les montagnes où il choisit sa place. Rabbi Siméon lui dit : les justes sont plus étroitement unis à la source des âmes [145a] pendant la Néoménie, pendant les fêtes et pendant le Sabbat que durant les autres jours. Élie lui répondit : Même les âmes du dehors s’approchent de cette source pendant les fêtes, ainsi qu’il est écrit : « Et les premiers de chaque mois et chaque sabbat, toute chair viendra, etc. » Le Sabbat est béni, parce qu’il est le septième jour de la semaine, ainsi qu’il est écrit : « Et le Seigneur bénit le septième jour et le sanctifia. » Or, toi Rabbi Siméon, tu es le septième et, partant, plus saint que tous les autres ; et tes collègues jouiront dans le monde futur, à cause de toi, des trois jouissances réservées pour le septième jour, c’est-à-dire les trois repas sabbatiques. L’Écriture dit aussi ; « Et tu appelleras le sabbat délices, et le saint de Dieu vénéré… » C’est toi, Rabbi Siméon, fils de Jochaï, qui es glorifié en ce monde et dans le monde futur.

Lire la première partie.

Lire la seconde partie.

Idra Rabba Kadisha – Zohar, III, 127b – 145a [3]. Le Zohar, traduction de Jean de Pauly, éditions Maisonneuve & Larose.

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