Le cube du Sepher Yetsirah selon Carlo Suarès

Le cube du Sepher Yetsirah par Carlo Suarès.

I.13 : « Cinq : Il scella le dessus et tourné vers le haut, il le fixa avec YHV. Six : Il scella le dessous et tourné vers le bas, il le fixa avec YVH. Sept : Il scella l’Est et tourné vers l’avant, il le fixa avec HYV. Huit : Il scella l’Ouest et tourné vers l’arrière, il le fixa avec HVY. Neuf : Il scella le Sud et tourné vers la droite, il le fixa avec VYH. Dix : Il scella le Nord et tourné vers la gauche, il le fixa avec VHY ». Version du Sepher Yetsirah tirée de Lewin-Epstein, Ltd. Israël, Jérusalem.

D’où les différence d’attribution des « sceaux ».

Le cube du Sepher Yetsirah selon Carlo Suarès
Le cube du Sepher Yetsirah selon Carlo Suarès.

En bref, les quatre premières Sephiroth forment l’Adam Qadmon (אדם קדמון) et son espace intérieur; les six autres forment son espace extérieur. Il regarde à l’Est, il est debout, sa tête touche la 5e Sephira; ses pieds sont sur la 6e Sephira; son regard sur la 7e; son dos vers la 8e; les bras en croix, à droite vers la 9e (au Sud); à gauche vers la 10e (au Nord).

Les Six Directions de l’espace sont « scellées ». Elles forment les six faces d’un cube, dont nous donnons ci-contre le graphique. Le texte n’indique pas le tracé des quatre premières Sephiroth. Nous les situons ainsi : la 1ère au point central, la 2e en verticale, la 3e en horizontale Ouest-Est, la 4e en horizontale Sud-Nord. Nous verrons plus loin (chapitre VIII, p. 112), les douze arêtes « s’élargir, s’écarter et devenir les bras du monde », par l’entremise des douze Authioth (lettres) simples.

Ce cube de l’espace, en tant que symbole, correspond à une réalité psychologique : nous avons nos valeurs « élevées », nos divinités sont « en haut, au ciel », où nombre de nos personnages mythologiques les ont rejointes; nous avons, par contraste, les valeurs telluriques, tantôt s’enfonçant jusque sous terre, en « enfer »; chacun regarde l’avenir « devant soi », a son passé « derrière » lui, socialement est de « droite », ou de « gauche », et, depuis deux mille ans, Adam Qadmon, mort les bras en croix, symbole mi-humain, mi-divin, attend qu’on lui permette de réapparaître vivant.

Ainsi, chacun vit à l’intérieur d’un cube fermé, limité, qui bloque l’espace intérieur par des conditionnements.

Mais, revenons aux Sephiroth :

La 5e Sephira (en haut)

Son Nombre : ‘Hamesh (חמש)

Son Nom : Guebourah (גבורה)

Sa description qualitative : Omq (עומק) Rôm (רום).

Son nom énergétique est défini par les 2 sceaux qu’elle reçoit exceptionnellement (les cinq dernières ne reçoivent qu’un sceau chacune).

Son premier sceau scelle les six extrémités du cube : Schech Qatseôth, c’est-à-dire qu’il complète l’espace intérieur que la 3e Sephira avait commencé à projeter. Le schème Schesh (six) reviendra pour désigner la 6e Sephira. Notons son double Shin (300.300), ainsi que le schème Qatseôth (קצוות) (100.90.6.6.400)). En hébreu, la racine de ce dernier schème : קץ (prononcé Qetz) veut dire la « fin ». Qâtseh veut dire extrémité. Tels que Schesh Qatseôth se présentent ici associés, ils révèlent un double métabolisme cosmique (300.300) et une double fécondation (6.6) du 400 cosmique, par le 100 et le 90 (le Aleph cosmique et l’énergie structurante Tsadé) : en somme, deux sphères conjointes.

Le deuxième sceau sur cette Sephira est יהוה. Or, cette cinquième Sephira est « cinq », dit le texte, et 5 est Hé. Le sceau YHV (יהו) sur Hé (ה) est donc le « Grand Nom », יהוה, YHVH tel que nous l’écrivons habituellement. Ainsi, cette cinquième Sephira appartient à la sphère de YHVH et projette les cinq dernières Sephiroth, ce qui explique l’insistance du verset I, 3, où il est dit « cinq en face de cinq ». 5 est le nombre (symbole) de la vie. Le relais de la 5e Sephira nous montre que Hé est double en son essence. Son Nom Guebourah, veut dire en hébreu : forte, puissante, héroïque, et on la traduit même parfois « Dieu ».

Par sa complexité, cette Sephira est, sur son plan, analogue à la première Sephira, laquelle est aussi, comme nous l’avons vu, un relais entre deux mondes.

La 6e Sephira (en bas).

Son Nombre : Schesh (שש)

Son Nom : Tiphereth (תפארת)

Sa description qualitative : Omq (עומק) Tahhath. (תחת)

Son sceau : יוה + ו (six).

Le double Shin est précipité dans la profondeur d’un abîme, également double : à chaque Shin, un des Tav du Nom Tiphereth, schème remarquable, car entre ses deux Tav, en son centre, se trouve le Aleph, profondément enterré. Pour la mythologie déiste, cela revient à dire que Dieu est enterré au beau milieu de l’enfer. Ce Aleph est entouré de Phé (פ – 60) et de Resh (ר – 200). Dans les schèmes Omq Tahhath (profondeur du bas) on retrouve les 2 Tav. Le sceau, יוה, de cette Sephira 6 (ו), fait יהוה. Il indique que l’existence (י) féconde (ו) la vie (ה) et la rend féconde (ו) dans le sens mâle. Ces deux pulsions centrifugées sont un départ d’émergence.

La 7e Sephira (à l’Est).

Son Nombre : Shebaâ (שבע)

Son Nom : Netzah (נצח)

Son sceau : היו – Zaïn (ז -7).

La 8e Sephira (à l’Ouest).

Son Nombre : Shmoneh (שמנה)

Son Nom : Hod (חוד)

Son sceau : הוי – Heth (ח – 8).

La 9e Sephira (au Sud).

Son Nombre : Teshaâ (תשע)

Son Nom : Yesod (יסוד)

Son sceau : ויה – Teth (ט-9).

La 10e Sephira (au Nord)

Son Nombre : Eâssar (עשר)

Son Nom : Malkhuth (מלכות)

Son sceau : והי – Yod (י-10).

Il convient d’examiner ces quatre dernières Sephiroth en fonction de la position qu’occupe Adam Qadmon face à face avec lui-même, ainsi que de ce « lui-même » qui le regarde.

On se souvient qu’au verset I, 5 les deux dernières Sephiroth sont nommées dans cet ordre : Profondeur du Nord et Profondeur du Sud, ce qui veut dire que la 9e est au Nord et la 10e au Sud. Au verset I, 13, que nous commentons en ce moment, la 9e est au Sud et la 10e est au Nord. Au verset récapitulatif suivant (I, 14 qui termine le chapitre), le Nord est de nouveau mentionné avant le Sud. On a soutenu qu’il s’agit d’erreurs de scribes. Nous ne le pensons pas. Nous pensons que pour Adam Qadmon, la 9e est bien au Sud et la 10e au Nord, et que les interversions des versets I, 5 et I, 14 se rapportent à la façon dont l’image de Adam Qadmon, qui lui fait face, s’imagine les voir. Car l’étudiant, qui n’est pas encore cet homme parachevé (bien qu’il soit fait à son image), tourne le dos à l’Est et regarde vers l’Ouest, vers le passé, et c’est là qu’il projette ce qu’il imagine être son futur. En vérité, celui qui n’est pas encore Adam Qadmon, a sa boussole à l’envers. C’est lui qui étudie le verset I, 5, lui qui récapitule sa leçon au verset I, 14, mais le verset I, 13, c’est l’Adam Qadmon qui le vit.

En regardant l’Ouest, l’homme qui n’est pas encore achevé voit, à travers toute la distance qui le sépare de sa maturité, le visage d’Adam Qadmon éclairé par le reflet du soleil auquel il tourne le dos. De son côté, Adam Qadmon voit surgir de l’avenir l’image de son passé, de tout ce qu’il a été alors qu’il n’était pas encore lui-même.

Telle est la vision que nous offre le cube de l’espace. Elle peut servir de point de départ pour son étude. Les schèmes qui interviennent dans ce verset sont nombreux et substantiels. Il n’est que de les lire attentivement pour s’aventurer dans leur profondeur.

Signalons le rapport entre :

Mizrahh (מזרח), l’Est, 40.7.200.8, la 7e Sephira.

Maârav (מערב), l’Ouest, 40.70.200.2, la 8e Sephira.

On voit qu’à l’Est, le 7 est un archétype, qu’à l’Ouest le 70 est actualisé ; l’Est agit sur le 8 indifférencié, l’Ouest sur le 2, la maison.

Yamin (ימין – la droite) avec ses deux Yod existentiels, est le côté de l’action concrète. Il reçoit la 9e Sephira, Yesod, schème que nous avons vu signifier le Fondement sur lequel s’appuient les Authioth.

Schmal (שמאל – la gauche), n’est autre que Shem-El (שם אל) : le Nom d’Elohim. Elle est dirigée vers la dernière Sephira, celle qui porte le nombre Yod de l’existence et qui s’appelle Malkhuth : le royaume de la puissance infinie, infiniment exaltée, à laquelle la première Sephira confère son propre Nom : Kether, la couronne.

Ainsi, par Shem-El, l’homme intégré boucle le circuit des Sephiroth, en unissant la fin et le commencement, le commencement et la fin (dans l’idiome, Shem-El est devenu Shemol – gauche – par une substitution arbitraire du Shin en Sin).

Le cube du Sepher Yetsirah selon Carlo Suarès. In Carlo Suarès, Le Sepher Yetsirah, édition Arma Artis, 2004, pages 84-87.

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