Morphopsychologie (physiognomonie) et chiromancie dans le Zohar

Morphopsychologie (physiognomonie) et chiromancie dans le Zohar par Spartakus FreeMann.

Dans cette partie du Zohar intitulée Raza de-razim (Mystère des mystères), on trouve une longue dissertation sur des thèmes chers à l’ésotérisme médiéval et relatifs à la physiognomonie, la chiromancie, la bibliomancie et autres sciences et pratiques de divination. La physiognomoníe est un terme vieilli qui désigne la science qui a pour objet la connaissance du caractère d’une personne d’après les traits de son visage. Aujourd’hui, on parle plutôt de morphopsychologie, qui est l’étude des correspondances entre la psychologie et les types ou prédominances morphologiques de l’homme.

Le prétexte en est ici le texte scripturaire où Yetro, s’adressant à Moïse, lui conseille de « voir et choisir, parmi tout le peuple, des hommes de valeur… » (Exode XVIII, 21). Ce passage (Zohar II, 70a) poursuit le commentaire sur « le livre des générations d’Adam » (Genèse V, l). C’est toujours Rabbi Shimeon qui parle :

« Ce livre appartient à cette catégorie d’écrits secrets et profonds qui enseignent cette science secrète et profonde qui étudie les formes et les figures humaines et qui fut transmise au premier homme, Adam. Le roi Salomon la reçut ; il en hérita et la consigna dans son livre. Nous savons que Moïse éprouva des difficultés à y accéder jusqu’à ce que la Shekhinah vint et la lui enseignât ; c’est ainsi qu’il l’apprit, pénétrant ses moindres secrets… C’est pourquoi il est écrit : « c’est toi qui verras tout le peuple… », toi et nul autre ; tu regarderas et comprendras. Ce sont les générations d’Amaleq ; les mots qui les expriment sont défectueux parce que la Sitra ahra’ « l’autre côté, le côté du mal et de l’impureté » doit aller s’affaiblissant jusqu’à disparaître à jamais. Quant aux générations de la sainteté, elles sont pleines et iront en s’emplissant, sans cesse, de flux bienfaisant et de vie.

Tu considéreras les soixante myriades d’Israélites. Tu examineras chacune des formes humaines, chacune des figures, sous ses six aspects : les cheveux, les yeux, le nez, les lèvres, les traits du visage, les mains et les lignes des mains. De chacun de ces six aspects, il est dit « tu verras ». Tu verras l’aspect des cheveux, les rides du front, l’épaisseur des sourcils, les yeux, les plis des paupières, les lignes du visage et son teint, les signes qui le distinguent et la barbe aussi.. ; tu inspecteras les mains, les lignes des mains et les marques qu’elles portent… C’est ainsi que tu reconnaîtras « les hommes de valeur »… ; les hommes de vérité, les ennemis du lucre, de la vénalité… Moïse fut ainsi initié à cette science occulte ; les « justes de la vérité » ont également mérité d’en hériter le savoir ».

Les développements concernant les types morphologiques et leurs correspondances psychologiques se poursuivent dans le corps même du Zohar :

« C’est le livre des générations d’Adam » : « C’est le livre qui recèle le secret des images et des figures humaines. C’est par celles-ci que l’on reconnaît les hommes, leur essence (leur réalité) et leurs générations. Les mystères de l’homme se lisent dans ses cheveux, son front, ses yeux, son visage, ses lèvres, ses oreilles, les lignes de ses mains.

Le mystère de la chevelure : Celui dont les cheveux sont raides et droits sur sa tête est un irascible ; son coeur est dur comme une cale de bronze, un coin d’acier. Il n’est pas loyal et il ne convient pas de cultiver sa compagnie ; il faut donc s’éloigner de lui. Par contre, celui qui a des cheveux très doux, lui tombant sur le cou, mérite qu’on s’associe à lui, et de cette association peut résulter un profit… Celui dont la chevelure est noire et brillante, lustrée, réussit en tout ce qu’il fait, dans le commerce comme dans les autres affaires de ce monde. Il y réussit seul, à l’exclusion des autres ; ceux-ci n’ont que peu de temps accès à sa réussite quand ils s’associent avec lui. La chevelure est sous le signe ésotérique de la lettre Zayin.

Le mystère du front est dans la lettre Noun, lettre finale de Zayin… L’homme qui a un front court, abrupt, sans le moindre arrondi est un homme instable ; il croit tout savoir comme un « sage », mais il ne sait rien… c’est un esprit inquiet ; il arrive que sa mauvaise langue morde comme la langue du serpent… Il ne faut pas se fier à lui… Celui qui a un front grand (haut) et arrondi est un homme de science, de parole (discours) et de mémoire… C’est un homme qui a tout en lui ; il fait bien sa besogne, il la fait intelligemment, alors même qu’il n’a pas de maître expert pour l’instruire dans son métier ou lui communiquer la science. Il réussit en tout ce qu’il entreprend, sauf en matière d’argent et en affaires où sa réussite est intermittente…

Le mystère des yeux est dans le mystère de la lettre Samekh… Les couleurs des yeux sont au nombre de quatre : le blanc entoure, chez tous les humains, un espace circulaire plus sombre, de teinte variable, à l’intérieur duquel se trouve la pupille, elle-même prenant diverses nuances… La position de l’oeil dans son orbite, ses couleurs, leur mariage harmonieux ou leur mélange inesthétique (taches blanches sur le noir, sur le vert ou le bleu et vice versa), certains défauts, tous gouvernent le caractère de l’homme et son destin, ses rapports avec le monde… L’oeil confortablement assis dans son orbite, sans pour autant y être enfoncé, n’est pas un oeil trompeur. Les yeux, verts ou noirs, dont les espaces teintés sont parfaitement dessinés et régulièrement cernés, ces yeux-là appartiennent à l’homme qui baigne constamment dans la joie il ne pense jamais à mal… Le succès veille sur lui quand il se livre à des occupations précises, désintéressées…. Il faut l’encourager à étudier la Torah. Il y réussira sûrement. L’homme aux yeux verts, le vert se fondant dans le blanc, est compatissant de nature. Il ne pense qu’à ce qui peut lui être utile, personnellement, sans jamais cependant tenter de nuire aux autres… C’est un homme de désir et de passion ; mais ces deux pulsions ne sont jamais orientées du côté du mal. L’homme aux yeux verts (ou bleus), teintés de jaune, est habité par la folie il parle trop, fort et haut ; il a des prétentions à la grandeur, mais il ne résiste pas à une discussion sérieuse ; vanité, mégalomanie logomachie dessinent son profil moral et intellectuel. Il n’est pas digne de recevoir les mystères de la Torah.

Les signes d’un visage forment un réseau compliqué et subtil. Les vaisseaux sanguins, les veinules et les nervures de la peau tracent des lettres qui sont autant de signes ésotériques ; ils dessinent aussi figures animales dont le symbolisme est évident, du moins en apparence. Quand un homme marche dans la voie de la vérité, ceux qui connaissent les mystères de leur Maître et Créateur, savent regarder dans les lignes de son visage et comprendre le sens de la lettre qu’elles dessinent. Le « souffle », l’ « esprit interne » de cet homme est intact à l’extérieur où il est perçu par les « présages du coeur » en une image parfaite, une figure humaine, dite figure d’Adam. Une nervure fine parcourt le côté droit (du visage) ; une seconde nervure est rejointe par deux autres sur le côté gauche ; l’ensemble présente sous la forme de quatre signes qui sont les quatre lettres du mot ’DWT (lire) : ’ed « témoignage » inscrit dans le mystère du scripturaire : « un témoignage (’ed) qu’il a imprimé en Joseph » (Psaumes). Un tel visage éveille dans le coeur de qui le regarde un immense amour ; car la vertu d’amour s’est accomplie en lui.

La seconde figure que révèlent les lignes du visage est celle du Lion. Les « sages » y reconnaissent l’homme qui, tenté par la voie du mal, s’en éloigne et « retourne » à son Maître et Créateur. L’esprit du bien a commencé à se poser sur lui afin qu’il puisse vaincre, et l’emporter sur la première souillure qui a habité en lui. Cet esprit émerge au-dehors et met en évidence une figure, la figure du Lion triomphant.

La troisième figure étudiée est celle de l’homme qui ne marche pas dans la voie droite, qui s’écarte des chemins que lui trace la Torah ; l’Esprit saint qui l’habitait, en son for intérieur, le quitte. Un autre esprit l’anime, émergeant au-dehors, sous une forme visible aux yeux des « sages du coeur » qui reconnaissent en elle la figure du taureau (shor). On y perçoit, à droite, trois veines fines et rouges, roulées en trois grains formant un cercle ; on voit la même chose à gauche l’ensemble dessine les lettres du mot KhaYaT inscrit dans le mystère du texte scripturaire : « L’exploration la connaissance (ha-Kayat) des traits de leur visage témoigne contre eux » (Isaïe QI, 9).

La quatrième figure est celle de l’homme en état de réparation constante, d’expiation d’une faute commise en une vie antérieure, sur terre, dans le mystère d’une première (ré)incarnation, gigul richon. Il apparaît aux yeux des « sages du coeur » avec la figure d’un aigle, Nesher… Son souffle est un souffle faible, et on ne perçoit pas sur son visage les lignes significatives que dessinent, sur d’autres, les nervures et les veinules habituelles, ces marques ayant disparu lors de sa précédente incarnation. C’est à l’absence de ces marques qu’on le reconnaîtra et qu’on saura le secret de son âme… Ses yeux n’ont pas d’éclat, même dans ses moments de joie, quand il se coupe les cheveux ou se taille la barbe, car son esprit ne brille pas et n’émerge pas au-dehors par des signes et des lettres, sa lumière s’étant éteinte dans sa première vie. Il n’appartient donc pas à l’espèce de gens dont on peut lire le caractère en explorant leur visage, et auxquels s’applique le mystère de cette parole de l’Écriture : « À moi de louer les morts qui sont déjà morts, plus que les vivants qui sont encore en vie » (Ecclésiaste IV, 2).

Le mystère des lèvres est dans la lettre Pe, elle-même intégrée dans le mystère de la lettre samekh. L’homme aux grandes lèvres médit des autres ; il est effronté et crâneur, querelleur et mouchard ; il « sème la discorde entre frères » et ne garde pas le secret qu’on lui confie…

L’homme aux lèvres épaisses, sèches et rugueuses, est irascible, intolérant, agit avec préméditation quand il fait le mal ; il est parfois railleur… et cligne de l’oeil. C’est de lui qu’il est dit : « L’homme méchant prend un air hardi » (Proverbes). Il convient de s’en éloigner…

Le mystère des oreilles : Quiconque a de trop grandes oreilles est habité par la sottise, et la folie est dans son souffle (esprit). Des oreilles petites et droites signalent la sagesse du coeur et une fine sensibilité… Ce trait se trouve sous le signe ésotérique de la lettre yod, intégrée elle-même dans le mystère de toutes les autres lettres…

Le mystère des lignes de la paume des mains et des ongles : « Sous leurs ailes et sur leurs quatre côtés, il y avait des mains d’homme » (Ezéchiel I, 8). Les compagnons disent que ce sont les mains qui reçoivent les repentants pour les mener devant le Saint, Béni-Soit-Il. Mais ces « mains d’homme » sont aussi ces figures mystérieuses que le Saint Béni-Soit-Il plaça en l’homme et qu’il traça sur les faces internes et externes de ses doigts, et en la « paume » (kaf) de sa main. Quand le Saint Béni-Soit-Il créa l’homme, il ordonna en lui les figures des mystères du monde d’En-Haut et du monde d’En-Bas, toutes gravées en lui, parce qu’il est à la ressemblance de Dieu, parce qu’il est une créature née de la paume (kaf), en le mystère de la lettre kaf, une lettre qui renferme en elle les secrets et les figures des mondes supérieur et inférieur…, ainsi qu’il est écrit « Et Dieu créa l’homme à son image » (Genèse I, 27), une image dont la « paume » (kaf) est le symbole…

Quand l’homme fut créé, il est écrit à son propos : « De peau et de chair, tu me vêtis, et d’os et de nerfs, tu me tissas… » (Job X, 11). Qu’est-ce donc que l’homme ? Ne consiste-t-il uniquement qu’en peau, chair, os et nerfs ? Oh ! Que non ! Le principe de l’homme est l’âme. La peau, la chair, les os et les nerfs ne sont qu’un vêtement, un objet qui le recouvre ; ils ne sont pas l’homme. Et quand l’homme décède, quitte ce monde, il se dépouille de ce vêtement qu’il porte sur lui. Cette peau et cette chair dont l’homme est vêtu, tous ces os et ces nerfs sont l’image, la réplique de ce qui est En-Haut, en le mystère de la Sagesse suprême.

La peau dont il est recouvert est le symbole de cette tenture d’En-Haut dont il est écrit : « Il étend les cieux comme une tenture » (Psaumes CIV, 2), et qui est aussi la réplique des tentures du Tabernacle « peaux de béliers teintes en rouge » (Exode)… Les os et les nerfs son l’image des chars et des cohortes célestes… La chair enveloppe ces chars et ces cohortes et représente le mystère de l’épanchement de la sitra’ hara « l’autre côté », le côté de l’impureté, de la souillure et de la sensualité. La peau, recouvrant le tout, est à l’image des firmaments qui, également, recouvrent toutes choses. Tout n’est que simple revêtement. Le mystère de l’homme est à l’intérieur. Tout, en bas, a sa réplique En-Haut. C’est le sens du texte scripturaire : « Dieu créa l’homme à son image ; à l’image de Dieu, Il le créa » (Genèse I, 27). Le mystère de l’homme d’En-Bas est à l’image du mystère de l’homme d’En-Haut. De la même façon qu’En-Haut, dans le firmament qui enveloppe le tout, ont été fixés des signes qui permettent de lire les secrets du monde et les mystères de l’univers, ces signes que dessinent les étoiles et les astres ; de la même façon, ont également été inscrits dans la peau qui enveloppe l’être humain, et qui est comparable au firmament d’En-Haut, des signes et des lignes qui sont les étoiles et les astres de la peau, que les « sages du coeur » examinent et dans lesquels ils lisent les choses secrètes et les mystères profonds qui y sont cachés, enfouis, à l’instar de « ceux qui explorent le ciel et observent les étoiles » (Isaïe XLVII, 13)… Comme dans les constellations du ciel, dans les astres et les étoiles du firmament, on lira donc, dans les signes que dessinent les lignes des mains et des doigts, dans les taches et les grains lenticulaires des ongles et l’éclat variable de leur luminosité, les secrets les plus intimes de la personnalité, les penchants de l’âme, ses dominantes et ses constantes…

Poursuivant son discours, Rabbi Shimeon dit : « TU verras, parmi tout le peuple, les hommes de valeur… » (Exode XVIII, 21). Il n’est pas écrit « tu choisiras » mais « tu verras », d’une vision oculaire, l’image formelle de l’homme, et tu en examineras les six aspects que nous venons de décrire… afin de reconnaître les « hommes de valeur », à leurs cheveux, à leur front et aux traits de leur visage ; « ceux qui craignent Dieu », à leurs yeux ; les « hommes de vérité », à leurs lèvres ; les « ennemis du lucre et de la vénalité », aux lignes de leurs mains. Cependant, Moïse n’avait nul besoin de tout cela. Il est en effet écrit : « Moïse choisit des hommes de valeur d’entre tout Israël… » (XVIII, 25), car l’Esprit Saint s’était posé sur lui et le renseigna.. C’est par Lui qu’il vit tout… »

C’est, du reste, ce qui est écrit au verset 16 du même chapitre de l’Exode : « Lorsqu’ils ont une affaire, Il vient à moi ». Il n’est pas dit : « Ils viennent à moi. » C’est donc l’Esprit Saint qui venait à lui, et c’est par Lui qu’il était immédiatement informé, sans nul besoin d’observer, d’explorer… Il convient que les sages avertis, porteurs de cette science des visages et des formes, soient attentifs et prudents quant à l’usage qu’ils sont appelés à en faire ; elle doit, en effet, servir exclusivement au salut des hommes, à guérir leurs corps et leurs âmes. Ils mériteront alors ce monde-ci et le monde à venir…

Morphopsychologie (physiognomonie) et chiromancie dans le Zohar

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