Le Baphomet et la Cabale. 

Nous venons, avec Soror D.S., de publier aux éditions Hermésia le Baphomet, figure de l’ésotérisme templier et de la Franc-maçonnerie qui brosse un tableau historique et mythique de la fameuse idole des Templiers.

Si cette figure a interpelé et intéressé les occultistes, la Cabale n’est pas demeurée en reste et nous trouvons quelques pages assez curieuses ainsi que nous l’écrivons dans le livre :

« Mais la palme revient sans doute à Hugh Schonfield, spécialiste de la Bible, qui n’hésite pas à faire appel à la Kabbale pour affirmer qu’« il ne peut y avoir que peu de doutes sur le fait que l’idole des Templiers représentait la Sophia en son aspect féminin et isiaque et qu’elle était liée à Marie Madeleine dans son aspect chrétien »[1]. Pour arriver à cette conclusion, Schonfield applique à Baphomet le code de tsérouf atbash, dans lequel la première lettre de l’alphabet hébreu est remplacée par la dernière lettre de l’alphabet et ainsi de suite. Selon lui, ce code Atbash aurait été utilisé par les esséniens pour dissimuler certains de leurs enseignements qui auraient par la suite, soit transité par les gnostiques, puis par les cathares jusqu’aux chevaliers du Temple, soit auraient été découverts par ces mêmes chevaliers lors de fouilles sous l’emplacement du Temple de Salomon. Or, non seulement, il est douteux que les Templiers aient été instruits en hébreu au point de s’amuser à appliquer des procédés de la Kabbale, mais surtout Ba-Ph-O-Me-Th (בפומת) donne en atbash : שופיא, (Shin Vav, Peh, Yod, Aleph), « sophia », terme qui veut dire « sagesse »… Mais en grec ! En araméen, la traduction est plus prosaïque : « graisse, lubrifiant… »

Ou encore Eliphas Levi :

« Le taureau, le chien et le bouc sont les trois animaux symboliques de la magie hermétique dans laquelle se résument toutes les traditions de l’Égypte et de l’Inde. Le taureau représente la terre ou le sel des philosophes ; le chien, c’est Hermanubis, le Mercure des sages, le fluide, l’air et l’eau ; le bouc représente le feu, et il est en même temps le symbole de la génération.

En Judée on consacrait deux boucs, l’un pur, l’autre impur. Le pur était sacrifié en expiation des péchés ; l’autre, chargé par imprécation de ces mêmes péchés, était envoyé en liberté dans le désert […]. Toute la Kabbale et toute la magie se partagent en effet entre le culte du bouc sacrifié et celui du bouc émissaire. Il y a donc la magie du sanctuaire et celle du désert, l’église blanche et l’église noire, le sacerdoce des assemblées publiques et le sanhédrin du sabbat.

Le bouc qui est représenté dans notre frontispice porte sur le front le signe du pentagramme, la pointe en haut, ce qui suffit pour en faire un symbole de lumière ; il fait des deux mains le signe de l’occultisme, et montre en haut la lune blanche de Chesed, et en bas la lune noire de Géburah. Ce signe exprime le parfait accord de la miséricorde avec la justice. L’un des ses bras est féminin, l’autre masculin, comme dans l’androgyne de Khunrath dont nous avons dû réunir les attributs à ceux de notre bouc, puisque c’est un seul et même symbole. Le flambeau de l’intelligence qui brille entre ses cornes est la lumière magique de l’équilibre universel ; c’est aussi la figure de l’âme élevée au-dessus de la matière, bien que tenant à la matière même, comme la flamme tient au flambeau. La tête hideuse de l’animal exprime l’horreur du péché, dont l’agent matériel, seul responsable, doit seul et à jamais porter la peine : car l’âme est impassible de sa nature, et n’arrive à souffrir qu’en se matérialisant. Le caducée, qui tient lieu de l’organe générateur, représente la vie éternelle ; le ventre couvert d’écailles c’est l’eau ; le cercle qui est au-dessus, c’est l’atmosphère ; les plumes qui viennent ensuite sont l’emblème du volatile ; puis l’humanité est représentée par les deux mamelles et les bras androgynes de ce sphinx des sciences occultes »[2].

Le Baphomet, figure aux formes multiples donc, qui s’est infiltré dans les diverses branches de la Tradition : l’Alchimie, la Gnose, la Franc-maçonnerie, la Cabale…

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Extrait de l’introduction :

« […] Aux templiers, on a supposé la possession du Graal ou de l’Arche d’Alliance, on les a présumés alchimistes, magiciens, convertis à l’Islam ou adorateurs du Diable. Durant les siècles qui suivirent le procès, les voix se divisèrent entre partisans de l’innocence, de la culpabilité et ceux qui attribuaient aux templiers la possession de secrets ésotériques. Dans la liste des crimes qui leur furent imputés, le reniement du Christ et l’idolâtrie occupèrent une place importante, tandis que la nature même de l’idole que les templiers étaient supposés adorer restait sujette à variations : les accusés furent alternativement soupçonnés de rendre hommage à un chat, un démon, un portrait et une tête, occasionnellement gratifiée d’un nom : Baphomet.

À l’origine, pièce parmi d’autres dans un dossier à charge, il faudra attendre plusieurs siècles pour que Baphomet acquière l’aura légendaire qui est aujourd’hui la sienne. Vers le milieu du 18e siècle, le mythe templier est réinvesti par la Franc­maçonnerie. Cette société, apparue sous sa forme moderne, à la toute fin du 16e siècle, s’est rapidement rêvé des origines fabuleuses, faisant remonter ses rites à la construction du Temple de Salomon, puis à la chevalerie médiévale. En 1750, le premier grade templier fait son apparition. La même année, le baron von Hund fonde la Stricte Observance Templière. D’autres organisations suivront. L’interdiction prononcée par le pape en 1312, sous risque d’excommunication, d’utiliser le nom ou les symboles templiers, n’empêchera nullement la fondation d’une pléthore d’ordres néo­templiers qui foisonnent encore de nos jours. Dans la foulée du Templarisme, l’idole revient sur le devant de la scène, donnant lieu à toutes sortes de spéculations et faisant la joie des amateurs de complots, depuis l’orientaliste Friedrich Nicolaï qui suppose aux chevaliers un culte gnostique, jusqu’aux occultistes modernes, en passant par le mystificateur Léo Taxil qui le recyclera dans ses brûlots antimaçonniques à la fin du 19e siècle.

Mais c’est au célèbre occultiste Éliphas Lévi que revient l’honneur de lui fournir, en 1854, la silhouette qu’on lui connaît : une créature dotée d’une tête de bouc, d’un corps écailleux, de seins de femmes et de sabots fourchus. Une représentation désormais ancrée dans l’esprit du public. Tantôt diabolisée, tantôt réhabilitée, l’idole supposée du Temple aimante toutes les ambiguïtés. Car si l’ésotérisme contribue à adoucir la figure de Baphomet en le pourvoyant en symboles notamment alchimiques, l’effigie va retourner au Diable en 1968, lorsque le fondateur de l’Église de Satan choisit comme emblème un symbole qu’il intitule le Sceau de Baphomet.

Notre modernité héritera de cet empilement d’interprétations, gloses et réécritures et ajouts successifs, au point de ne plus savoir par quel bout attraper le mythe. Icône chérie des adeptes de la voie de la « main gauche », comme des disciples d’Aleister Crowley, des alchimistes comme des conspirationnistes, etc., la figure de Baphomet porte toutes les couleurs du manteau bigarré que ses historiens lui ont tricoté au fil des siècles, mais toujours conservant des bûchers templiers comme une odeur de roussi.  »

[1] Hugh J. Schonfield, The Essene Odyssey, Element Books, 1984.

[2] Éliphas Lévi, Op. Cit.

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