Les couleurs des Sephiroth par Spartakus FreeMann

« Rabbi Siméon se trouvait un jour en compagnie de Rabbi Éléazar, son fils, et de Rabbi Abba. Rabbi Eléazar dit à son père : Pourquoi l’Écriture dit-elle : « J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de El Shaddaï au lieu de : « J’ai parlé à Abraham, etc. ». (Exode 6:3) ? Rabbi Siméon lui répondit : Eléazar, mon fils, ces paroles cachent un mystère suprême. Remarquez qu’il y a des couleurs visibles et des couleurs imperceptibles ; les unes et les autres sont l’emblème du mystère suprême de la Foi, alors que les hommes ne le savent ni ne l’examinent. Si les hommes ont été juges dignes d’apercevoir les couleurs visibles, c’est grâce aux patriarches.

C’est pourquoi l’Écriture dit : « … Je suis apparu à Abraham, etc. », ce qui veut dire : Dieu daigna leur montrer le degré céleste désigné sous le nom de Shaddaï ; mais nul homme, excepté Moise, n’a jamais pu parvenir à contempler les couleurs imperceptibles. C’est pourquoi l’Écriture dit : « … Mais je ne me suis point fait connaître à eux sous le nom de Yhwh » » – Zohar II, 23a-23b.

Par ce passage, nous apprenons l’importance des couleurs en tant que symboles des Sephiroth. Cette connaissance ésotérique des couleurs, connue autrefois des seuls kabbalistes, est assez ancienne.

Le Zohar assigne une couleur spécifique à chacune des Sephiroth : le blanc à Hokhmah ; le rouge à Binah ; le vert à Tiphereth et le noir à Malkhuth. Ce système de couleur est mis en parallèle avec celui des 4 Mondes qui se voient également attribués une couleur. Le monde d’Atziluth est associé au blanc ; le monde de Briah au rouge ; le monde de Yetsirah au vert et le monde d’Assyah au noir. Cependant, comme nous allons le voir, ces attributions varient selon les kabbalistes et les systèmes.

Les couleurs que l’on trouve couramment dans le Zohar sont celles de Hessed, Guebourah et Tiphereth. Les couleurs des Sephiroth sont bien plus que des symboles, elles assument le rôle de portes du Divin et établissent un lien avec le Divin. On peut trouver une excellente présentation de l’usage kabbalistique des couleurs dans le livre d’Aryeh Kaplan, Méditation and Kabbalah. Il y écrit (page 179) :

« Bien que l’on puisse simplement méditer sur les Noms tels qu’ils sont écrits dans un livre, cette technique est nettement améliorée quand les couleurs sont employées. Lorsque chaque Nom est coloré avec une nuance appropriée à la Sephirah, on peut s’attacher d’autant plus intimement à la Sephirah. Le système des couleurs est longuement exposé par Rabbi Joseph Tzayach, et par le Ramak (Moïse Cordovero) qui était apparemment conscient de ces écrits. Mais, tandis que Tzayach ne fait aucune tentative pour lier son système à celui du Zohar, le Ramak montre que les deux appartiennent à une tradition identique ».

En citant l’ouvrage de Cordovero, Pardès Rimonim, La neuvième Porte, Kaplan énumère les Sephiroth et leurs couleurs comme suit : Kether (Couronne) – blanc invisible ; Hokhmah (Sagesse) – une couleur qui inclut toutes couleurs ; Binah (Compréhension) – jaune et vert ; Hessed (Bonté) – blanc et argent ; Guebourah (Force) – rouge et or ; Tiphereth (Beauté) – jaune et violette ; Netzach (Victoire) – rose clair ; Hod (Splendeur) – rose sombre ; Yessod (Fondation) – orange ; Malkhuth (Royaume) – bleu.

« Dans de nombreux textes kabbalistiques, ainsi que dans le Zohar, nous trouvons différentes couleurs associées aux Sephiroth. On doit être très attentif et ne pas se figurer que ceci est à prendre au sens littéral. La couleur est quelque chose de physique, décrivant le monde physique, et les Sephiroth, qui sont spirituelles ne doivent pas être décrites avec des propriétés physiques. Si une personne pense que celles-ci sont véritablement les couleurs des Sephiroth, elle détruit le système entier et outrepasse les limites fixées par les anciens. Celui qui creuse dans ceci doit par conséquent être très prudent et ne pas supposer que quelque chose de physique est impliqué.

Mais effectivement, ces couleurs font allusion aux perceptions reçues depuis les plus hautes Sources. Ainsi, par exemple, Guebourah (Rigueur) est responsable de la victoire dans une guerre. La guerre implique l’effusion de sang, or le sang est rouge, il s’associe parfaitement à la couleur rouge de cette Sephirah. La couleur rouge exprime également la haine, la colère et la rage. Ceci est évident. Nous attribuons par conséquent la couleur rouge pour le Jugement. En outre, tout ce qui est rouge est tiré de la puissance de cette Racine. Ceci a été examiné en détail dans la « Porte d’Essence et Fonction ». De même, la couleur blanche indique la pitié et la paix. Ceci parce que les gens avec des cheveux blancs sont habituellement miséricordieux. Par exemple, les anciens et les âgés ne combattent généralement pas dans les armées. Donc, si vous souhaitez représenter la paix et la Sephirah Hessed, vous devez vous la représenter avec la couleur blanche. Il n’est pas à douter que les choses qui sont blanches émanent du pouvoir de cette Racine. Mais tout cela a déjà été expliqué dans le Portail mentionné plus haut. Ceci, est alors l’interprétation adéquate de la relation entre les couleurs et les Sephiroth. Les couleurs sont utilisées sous forme d’allégories et font allusion à leurs fonctions et ce qui en résulte.

Les Sephiroth n’existent pas dans un espace donné, par conséquent il est impossible de les différencier excepté à travers l’allégorie. Ceci peut être fait seulement quand nous utilisons des couleurs dont l’allégorie représente les Sephiroth. Nous pouvons concevoir ainsi les Sephiroth comme étant différenciées, en élévation ou en croissance, d’après la relation existant entre une couleur et une autre. Les dynamiques des Sephiroth peuvent être imaginées entièrement à travers l’interaction des couleurs. Tout ceci est pour « faciliter l’oreille physique », en permettant l’expression verbale de ces concepts. Il est certain que les couleurs peuvent servir alors de support aux animations des Sephiroth. Elles sont aussi utiles pour transmettre l’influx d’une Sephirah donnée. Ainsi, si vous souhaitez transmettre l’influx de clémence de la Sephirah Hessed, méditez sur la couleur associée avec cette Sephirah. Représentez la couleur de l’attribut que vous désirez. Si vous souhaitez la clémence pure, alors cette couleur sera d’un blanc pur. Si votre demande implique un petit degré de clémence, représentez une blancheur plus douce, comme celle du « mortier du Temple ».

Si un individu souhaite accomplir quelque chose à travers l’influx du Jugement, il doit faire usage d’un vêtement de cérémonie rouge. Il méditera ensuite sur le Tétragramme, représenté dans des lettres rouges. De même, dans une activité orientée vers la Clémence, et désirant diffuser la puissance de Hessed, il doit porter des vêtements de cérémonie blancs. Ceci est clairement montré chez les Cohanim (prêtres). Leur fonction était de diffuser l’influx à partir du côté de la Hessed. Ils portaient donc des vêtements de cérémonie blancs, qui indiquent la paix. Au Yom Kippour (le Jour d’Expiation), le Grand-Prêtre retirait également ses vêtements sacerdotaux d’ors et portait du blanc. Le service entier de ce jour était exécuté dans des vêtements de cérémonies blancs, et la raison donnée à cela est qu’« un accusateur ne devient pas un défenseur », puisque l’or indique le Jugement. La blancheur, cependant indique la pitié que le Grand-Prêtre recherchait.

Le même principe est vrai pour les amulettes. Quand on fait une amulette (Qaméâ) pour transmettre le flux de Hessed, il faut dessiner le Nom nécessaire en lettres blanches lumineuses. Ceci accroît l’efficacité du Nom. De même, quand on recherche le Jugement, il faut dessiner le Nom associé avec le Jugement en rouge. Le sang de chèvre est souvent utilisé dans ce but, puisqu’il fait allusion au Jugement, à la fois par sa couleur et sa source. Ces choses sont bien connues et sont évidentes chez ceux qui écrivent des amulettes, même si nous n’avons pas de penchant pour ces pratiques. Il est donc connu que quand les Noms sont dessinés sur des amulettes, ceux qui impliquent le Jugement sont dessinés en rouge, ceux qui impliquent l’Amour, en blanc, et ceux qui concernent la Pitié en vert. Cela est entièrement connu grâce aux Maguidim, qui ont appris les méthodes d’écriture des amulettes.

Tout ceci apprend que les couleurs peuvent servir comme un canal pour les forces qui sont transmises à partir du haut. C’est aussi à mettre en parallèle aux rites de certains idolâtres. Quand ils offrent l’encens, ils savent influencer la puissance d’un signe particulier du Zodiaque. En pratiquant ces rites, ils useraient de vêtements de cérémonie dont la couleur est associée avec leurs actes. Il est évident que cette façon de faire peut être retrouvée dans le pectoral du Grand-Prêtre. Celui-ci contenait douze pierres précieuses, chacune avait une couleur différente, en allusion à la transmission de l’influx de la source spirituelle de chacune des Douze Tribus. Ne refusez pas ce concept. Les alchimistes apprennent que, quand une personne regarde de l’eau courante, la Bile Blanche (ou l’Humeur Blanche) est éveillée en elle. Donc, quand quelqu’un a de l’insomnie et ne peut pas dormir, ils placent des tuyaux avec de l’eau courante devant lui afin de, stimuler la Bile Blanche. Ceci accroît l’humidité dans son corps, et il est capable de dormir. La même chose est vraie dans notre cas. Quand un initié effectue un vol avec son esprit, il constate que ceci est inestimable. Les couleurs qui sont visibles à l’œil, ou qui sont représentées en esprit, peuvent avoir un effet sur le spirituel, quoique les couleurs elles-mêmes soient physiques. » (Moïse Cordovero, Pardès Rimonim, « porte des couleurs », traduction Virya).

Cependant, dans son Ohr Ne’erav, Cordovero donne une autre attribution aux couleurs :

Kether – Blanc/Noir

Hokhmah – Bleu

Binah – Vert

Hessed – Blanc

Guebourah – Rouge

Tiphereth – Blanc

Netzach – Rouge

Hod – Vert

Yessod – Blanc

Malkhuth – Blanc

On peut aussi utiliser les couleurs associées aux Sephiroth dans la méditation quotidienne car chaque Sephirah gouverne un jour de la semaine. Dimanche : Hessed ; Lundi : Guebourah ; Mardi : Tiphereth ; Mercredi : Netzach ; Jeudi : Hod ; Vendredi : Yessod ; et Samedi : Malkhuth.

Ainsi, on peut visualiser les couleurs pendant la méditation afin de renforcer le réalisme des visions.

Outre les couleurs, nous trouvons dans les Portes de la Kavanah d’Azriel de Gérone, une description des huit qualités de la lumière. À titre d’exemple, voici celle de la Couronne :

« Au-dessus est la Couronne. C’est la lumière qui couronne les désirs de l’esprit et qui illumine les sentiers de l’imagination, renforçant la radiance (zohar) de la vision. Cette lumière n’a pas de fin. De la Gloire (kavod) de sa perfection proviennent le désir, la bénédiction, la vie (Haïm) et tout ce qui est bon (tov) à ceux qui gardent le chemin de son unification ».

Les Portes de la Kavanah et les Lumières selon Azriel de Gérone (Meditation and Kabbalah pp. 119-122, Aryeh Kaplan) :

« Quiconque fixe une chose dans son esprit avec une totale fermeté, cette chose devient alors pour lui la chose primordiale. Ainsi, lorsque vous priez et récitez des bénédictions ou lorsque vous désirez diriger la kavanah sur une chose en particulier, imaginez que vous êtes de la lumière et que tout ce qui vous entoure est de la lumière et qu’au milieu de la lumière est un rayon de lumière et au-dessus de lui une lumière brillante, et à son opposé, un trône, et sur lui est une bonne lumière… Tournez-vous vers la droite et vous trouverez là une lumière pure, et à votre gauche une aura, lumière de gloire, et autour d’elle la lumière de la vie. Et au-dessus sont les chemins des idées, et la brillance de la splendeur des visions. Et cette illumination est inépuisable et sans fin » (Idel citant Scholem The Concept of Kavanah, Noah J. Jacobs, pp. 172-173).

Rabbi Joseph Tzayach se voué à la compréhension des techniques de l’ascension des Sephiroth par la connaissance des couleurs qui leurs sont associées et que l’on peut voir dans le tableau ci-dessous. En résumé, l’approche consiste à méditer sur une couleur déterminée ou de porter des vêtements de cette couleur lors de la méditation sur une Sephirah afin d’en manifester les qualités. Ainsi, l’on porte du blanc afin d’attirer à soi la miséricorde de Hessed, le rouge apporte le jugement de Guebourah etc.

La lumière de Kether est appelée « lumière invisible aveuglante » car aucun objet ne peut être perçu dans ce lieu. Elle est invisible car on ne peut la voir.

La couleur de Hokhmah comprend toutes les couleurs car la sagesse contient toutes les connaissances dont elle est la synthèse. Le jaune est associé avec l’illumination et le vert avec la fertilité et ensemble, ces deux couleurs représentent l’intelligence de Binah et sa fertilité en tant que mère du Partzuf. Le blanc et l’argent sont les couleurs traditionnellement associées à la gentillesse. Le rouge et l’or sont associés au jugement. La Sephirah Tiphereth illumine la vérité, le jaune, et contient les mystères de la Torah, le violet.

Le rose pâle et le rose foncé sont les couleurs de Netzach et de Hod associées respectivement à la paupière supérieure et à la paupière inférieure qui symbolisent le don de prophétie, c’est-à-dire la lumière du soleil passant au travers des yeux clos. L’orange de Yessod est la couleur de la bonté qui est basée sur la discipline de Guebourah, rouge, avec l’illumination de Tiphereth, le jaune, et la prophétie de Netzach et de Hod combinée, le rose. Ces couleurs combinées donnent l’orange.

La royauté est bleue, d’un bleu royal. Le bleu est également le commencement car c’est la couleur du ciel. Malkhuth est la première Sephirah dans laquelle on pénètre lors de son élévation vers les cieux.

Méditations sur les Sephiroth selon la Porte du Tétragramme de Cordovero :

Les couleurs des Sephiroth, Spartakus FreeMann, février 2009 e.v.

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2 réflexions sur “Les couleurs des Sephiroth”

  1. Je sais qu’au travers de ce site, vous ne faites que votre devoir : aider à connaître la Kabbale et à la rendre accessible. Mais vous le faites si bien au travers de textes bien choisis et des explications assez claires que nous nous devrions, non seulement vous féliciter pour le travail que vous abattez, mais aussi vous encourager à continuer à apporter cette lumière à des gens qui veulent s’émanciper des dogmes de nos chapelles.
    Laac

  2. j’aime votre travail et je vous honore ! je m’en nourris. Juste corrigez une erreure de fausse tradition : Hessed = GUEVOURAH. Merci de n’être pas susceptible !

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